Saleté, insécurité, communautarisme : Bruxelles, miroir inquiétant du futur parisien
CHRONIQUE. Le cas de Bruxelles divise : il y a ceux qui l’ont aimé, ceux qui l’aiment encore, ceux qui sont tout de même déçus et ceux qui la détestent désormais. Le géopolitologue Sébastien Boussois* décrypte ces sentiments contraires face à la lente descente aux enfers de la capitale belge.

Il y a vingt ans, Bruxelles était encore une ville de province agréable à vivre, riche de sa diversité et de son originalité. Propulsée un jour capitale de l’Union européenne pour arranger tout le monde, la ville ne s’est jamais enrichie de cela. Bien au contraire. Aujourd’hui, elle a de quoi dérouter tant elle se tiers-mondise à vitesse grand V. Il suffit d’arriver à la gare du Midi par l’Eurostar pour s’interroger sur ce que la région bruxelloise et la ville veulent vraiment donner comme image à l’international.
Saleté, violence, stupéfiants, un cocktail explosif accueille désormais les visiteurs. Règlements de comptes entre bandes rivales en plein jour, trafic de drogue en pleine rue, agressions quotidiennes, désœuvrés armés faisant du tourisme aux abords de la Grand-Place : on ne compte plus les cas de violence quotidienne dans la ville, et tout semble désormais hors de contrôle. Doit-on parler de l’état de saleté institutionnalisée depuis tant d’années ?
Le millefeuille institutionnel belge rend les choses encore plus compliquées pour trouver une solution à ce naufrage
Pourtant, on veut continuer de s’en accommoder pour ne fâcher personne. Une certaine gauche, largement au pouvoir et sûrement depuis trop longtemps, a conduit à cette débâcle : clientélisme, communautarisme, compromission… Bruxelles est devenue en quelques années une ville qui a accueilli probablement trop de monde venu ici par dépit. Une ville qu’on aime est une ville qu’on préserve. Il suffit de se balader un peu partout en Europe pour sentir les capitales qui sont aimées par leurs habitants.
Le millefeuille institutionnel belge rend les choses encore plus compliquées pour trouver une solution à ce naufrage. La ville et la région n’ont pas d’argent : comment peut-on encore entendre cela alors que ce pays a six gouvernements (!), autant de ministres et de cabinets pour seulement un peu moins de 12 millions d’habitants ? On dira au penseur non-initié qu’il ne comprend rien au pays, qu’il n’a rien compris au système belge et qu’il ne le comprendra jamais. Dont acte : on ne fait rien, on se laisse couler. Ce qui arrive à Bruxelles pourrait aussi arriver à Paris un jour.
« Bruxelles poubelle, je te fuis dans peu de temps »
Il y a douze ans j’écrivais une tribune intitulée « Bruxelles ma belle, je te rejoins bientôt ». J’y expliquais pourquoi cette ville était un îlot préservé de douceur et de calme, loin de la violence des capitales des grands empires déchus qui l’entourent. Le calme avant la tempête, car j’aurai dû me douter, plutôt qu’être dans le déni, que les germes de l’implosion de ce modèle de coexistence pacifique étaient déjà semés.
Aujourd’hui, bien qu’un siècle ne se soit pas passé depuis, j’intitulerais bien mon texte d’opinion ainsi : « Bruxelles poubelle, je te fuis dans peu de temps » ! En effet, que de désillusions, de déprime et de claques subies en un peu plus d’une décennie dans une ville au bord du naufrage. L’iceberg était là, mais comme tous les Belges, je n’ai rien voulu voir venir.
Comment la capitale de l’Union européenne, qui aurait pu être un magnifique vivier et creuset de toute la diversité du continent, préservé de toutes les haines nationalistes alentours, s’est-elle transformée, en moins de temps qu’il ne faut pour le vivre, en un cloaque de saleté, de pauvreté, de dangerosité, et d’intolérance ? Les Belges sont réputés pour leur ouverture d’esprit, leur acceptation de l’autre, leur curiosité des autres cultures. Soit. Mais aujourd’hui, Bruxelles n’est plus le reflet d’une intégration réussie de près de 200 nationalités : elle est devenue le volcan prêt à exploser à tout moment d’un poly-identitarisme imperméable.
Ce n’est pas qu’une affaire de gauche-droite. Est-ce pareil partout en Europe ? Il y a de quoi être frappé quand on voit l’état de délabrement de certains quartiers bruxellois, de rues entières commercialement sinistrées, de zones de non-droit que certaines minorités silencieuses n’osent plus fréquenter. Il y a de quoi être encore plus choqué d’entendre dans les médias que des fusillades et règlements de comptes à l’arme lourde ont lieu régulièrement dans certains coins de la capitale, où la police parvient difficilement à rétablir l’ordre.
Mais est-on au Pakistan, en Afghanistan, ou dans n’importe quel pays du tiers-monde où l’État ne parviendrait pas à se faire respecter, donc à être craint ? Il ne se passe rien de cela, dans les pays défiants de la pseudo-autorité de Bruxelles (une blague !), notamment à l’est, où la vie y est globalement paisible, et bien moins dangereuse qu’à Bruxelles, devenue un coupe-gorge.
Laxisme et clientélisme
En effet, il suffit de parcourir l’Union européenne, pour se rendre compte à quel point certaines villes et pays se sont protégés et ont fait de leur capitale un écrin à la hauteur de leur culture et de leur histoire. Des villes magnifiques ont préservé leur capital sympathie, patrimoine et vivabilité : Amsterdam, Munich, Varsovie, Budapest, Prague, Vienne, Rome, et d’autres encore. Certes Amsterdam, Rome et curieusement Budapest, sont dirigées par la gauche mais elles sont au cœur de pays qui accordent de l’importance à l’éducation et l’autorité.
Jusqu’à quand les Belges continueront à mettre la tête dans le sac, en regardant ailleurs ?
Alors un État fort ? Non, un État qui se fait respecter et qu’on respecte. Une police qui fait du zèle ? On ne la voit jamais, même pas à Budapest, devenue l’obsession des démocrates pleins de bons sentiments et qui n’y ont jamais mis les pieds. Alors pourquoi Paris et Bruxelles s’effondrent-elles ? Pourquoi ces villes deviennent des guets-apens et des repères de loubards, de trafiquants et de radicaux ? Parce que, depuis des années, le cocktail proposé par la gauche c’est l’incurie, la faiblesse, le laxisme, le clientélisme, et un populisme de gauche pour acheter une paix sociale qui ne pouvait durer qu’un temps.
* Sébastien Boussois est docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Équipe Sécurité Défense), à l’Institut d’Études de Géopolitique Appliquée (IEGA Paris), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).

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