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Espagne : émeutes anti-immigration après l’agression d’un vieil homme attribuée à des jeunes Maghrébins

À Torre-Pacheco, dans le sud de l’Espagne, l’agression d’un homme de 68 ans a provoqué une flambée de violences ciblant la population immigrée. Plusieurs groupes ont attisé les tensions dans les rues, où la police reste déployée ce week-end.

Audrey Senecal
Domingo, 68 ans, victime d'une brutale agression mercredi 9 juillet.
Domingo, 68 ans, victime d'une brutale agression mercredi 9 juillet. © X.

L’agression brutale d’un homme de 68 ans a mis le feu aux poudres à Torre-Pacheco, une ville agricole de la région de Murcie, en Espagne. Ce mercredi 9 juillet, Domingo a été frappé par trois jeunes hommes, qu’il a décrits comme d’origine nord-africaine. Le sexagénaire affirme avoir été attaqué sans provocation : « Ils ne se sont même pas arrêtés pour demander quoi que ce soit. Ils m’ont attaqué. Ils ne m’ont rien volé alors que j’avais mes clés de maison et que je portais ma montre », a-t-il confié à des médias espagnols.

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Deux jours plus tard, une manifestation contre l’insécurité, organisée par la mairie, a rassemblé environ 500 personnes. Le maire, Pedro Ángel Roca, a annoncé qu’il déploierait « tous les efforts nécessaires, y compris financiers, pour renforcer la police », tout en précisant que les forces de l’ordre étaient déjà à l’œuvre pour localiser les agresseurs de Domingo. Mais rapidement, la mobilisation a dégénéré. Des militants venus de l’extérieur ont infiltré la foule, scandé des slogans hostiles à l’immigration et affiché des visuels reprenant le visage de la victime. La violence est montée d’un cran lorsque des passants perçus comme étrangers ont été pris à partie…

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« Chasse » organisée en ligne

Dans les rues de la commune, des individus, notamment issus de collectifs identitaires et nationalistes, ont traqué des jeunes perçus comme nord-africains, les invectivant, parfois les agressant. Certains ont dû être exfiltrés par les forces de l’ordre. Sur les réseaux sociaux, le groupe Deport Them Now (Expulsez-les maintenant, NDLR) a appelé à incendier des commerces tenus par des Maghrébins, publiant les noms et adresses de résidents d’origine nord-africaine. Une « chasse » a été annoncée pour les 15, 16 et 17 juillet.

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Selon La Opinión de Murcia, plusieurs groupes – souvent venus d’autres localités – ont parcouru les rues de Torre-Pacheco, armés de bâtons, et se sont rendus devant des habitations identifiées comme occupées par des étrangers. La déléguée du gouvernement dans la région, Mariola Guevara, a confirmé samedi que ces incidents faisaient l’objet d’une enquête. Elle a déclaré que les forces de sécurité « agiront contre tous ceux qui troublent l’ordre public et incitent à la haine, sans distinction d’origine », tout en appelant au calme et à la coopération des habitants. Des unités spéciales de la Guardia Civil ont été déployées dans la commune pour le week-end afin de prévenir de nouvelles violences.

Vox sur le terrain

Le parti Vox a, de son côté, organisé samedi un rassemblement à Torre-Pacheco. Son président régional, José Ángel Antelo, y a pris la parole sous le slogan : « Défends-toi de l’insécurité ». Dans son discours, il a déclaré : « Nous ne voulons pas de gens comme ça dans nos rues ni dans notre pays. Nous allons tous les expulser : il n’en restera pas un ».

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Ces déclarations ont suscité de vives critiques dans les rangs de la gauche espagnole. María Marín, porte-parole du parti Podemos dans la région de Murcie, a dénoncé « la chasse raciste qui se déroule à Torre-Pacheco », accusant « des groupes néonazis et Vox » d’instrumentaliser l’agression du vieil homme pour « encourager la violence contre la population étrangère ». La ministre de la Jeunesse et de l’Enfance, Sira Rego, s’est également exprimée : « L’ultra-droite et la droite désignent des cibles, leurs nervis passent à l’acte », a-t-elle écrit sur le réseau Bluesky. Le président du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, a appelé de son côté à « renforcer les effectifs pour enrayer immédiatement la spirale de violence » et rappelé que « la priorité, c’est la sécurité des citoyens ».

En 2024, le ministère de l’Intérieur espagnol a recensé pas moins de 63 970 entrées clandestines sur son territoire (particulièrement aux Canaries, l’une des principales voies migratoires du continent) contre 56 852 en 2023. Le tout, alors que l’immigration légale ne cesse, elle aussi, de croître : entre 2013 et 2023, le nombre de premiers titres de séjour a bondi de 178 % (atteignant les 548 000, soit deux tiers de plus qu’en France malgré une population moindre), tandis que les demandes d’asile ont été multipliées par 37 (passant de 4 200 à 160 000). Pourtant, le gouvernement de Pedro Sánchez prend le contre-pied de la plupart de ses voisins européens en affichant une vision positive de l’immigration et en multipliant les régularisations. Une position qui pourrait bien être compliquée à tenir au vu des derniers événements.

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